Le régime de la relation directe
L’annonce de la création du Mouvement Démocrate est parue au Journal Officiel le 12 mai 2007. Un an après, tout en lui n’est toujours fait que de survivances, de provisoire, de transitoire et d’exceptions, sauf pour les statuts qui existent, et l’instance présidentielle, qui est élue.
La relation directe de Bayrou avec les adhérents a dévoré et continue à dévorer tout le reste. Elle n’est pas seulement à l’origine de notre mouvement. Elle est aussi son régime réel. Celui qui convient le mieux aux talents de Bayrou. Cette situation, bien sûr, n’a jamais été voulue. Elle est entièrement faite de choses qui devaient arriver, si l’on prenait bien soin de ne pas les empêcher d’arriver.
Bayrou a manifesté de bien des façons son extrême répugnance à s’encombrer des médiations ordinaires de la démocratie représentative. Il n’est sans doute pas fâché du très faible taux de participation aux élections de nos représentants, et des diverses tricheries qui les ont agrémentées. Quand les règles sont sans autorités, elles n’engendrent pas de pouvoirs qui puissent rompre le régime de la relation directe. On voit que celle-ci doit toujours rester la plus forte.
Mais les statuts existent. Il se trouve que la consultation des adhérents annoncée par Bayrou n’est pas compatible avec les statuts tels qu’ils sont.
1°) L’instance pourvue du pouvoir de définir la politique générale du mouvement, en approuvant ou en désapprouvant ses éléments, c’est la Conférence Nationale. Le Président ne peut lui retirer ce pouvoir. Sauf par la voie de l’amendement des statuts.
2°) Selon les statuts, ce n’est pas le président qui définit la politique générale du mouvement. Cela se passe entre le Conseil National et la Conférence Nationale. Le président ne peut se substituer au Conseil National dans cette fonction. Sauf par la voie des amendements aux statuts.
Si nos Conseillers Nationaux ne font pas leur devoir, qui consiste à contraindre le président au respect des statuts, je recommande aux adhérents de ne pas répondre à la consultation de Bayrou. Elle prolonge sans raison valable notre état d’exception.
Il devient nécessaire de dissuader Bayrou de s’engager plus avant dans la voie du populisme. Nous l’avons trop longtemps encouragé à cela. Et ce qu’il nous demande aujourd’hui, c’est de continuer.