De la dénonciation à la critique

Bayrou a fait, ces derniers mois, de nombreuses déclarations dénonçant des décisions présidentielles. Une sorte de marquage protestataire, assez systématique, de tous les actes de Sarkozy. La qualité de ces critiques était toujours très inférieure à ce que l’on attend d’un homme d’état. En voici une, qui date du 16 janvier :

“L’annonce par le président de la République, sans aucune réflexion publique préalable, sans information du Parlement, que la France allait ouvrir une base militaire interarmes sur les rives du détroit d’Ormuz, constitue un changement très grave de la doctrine et de l’attitude de la France dans cette région”.

La suite de cette déclaration se trouve sur le site du Mouvement Démocrate.

La marine française est présente en permanence dans le Golfe Persique. C’est une voie d’approvisionnement de notre pays en pétrole. Une surveillance s’applique en outre au trafic maritime vers l’Iran. Sans compter que cette présence marque, à l’adresse de l’Iran, les préoccupations de la France, concernant l’orientation de son programme nucléaire, et ses manoeuvres de déstabilisation chez ses voisins sunnites du Golfe.

La base française la plus proche se trouve à Djibouti. Pour ne pas trop diminuer la part utile du déplacement des unités, il faut compter, en matière logistique et sanitaire, sur la présence américaine. De même, pour d’autre raisons, en matière de renseignement.

C’est précisément pour mettre un terme à cette dépendance qu’une base va être installée à Abou Dhabi. Son personnel sera bien prélevé sur celui qui réside actuellement à Djibouti. La base comportera bien un poste de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).

L’accord sur la construction de cette base a été signé en 1995, à l’époque où Bayrou était membre du gouvernement. La date limite était fixée à 2008. Je ne mentionne pas cela pour invoquer une solidarité à retardement. L’accord était secret. Mais cela montre que l’on ne peut voir dans cette décision un infléchissement de notre politique de défense. Encore moins vers plus de dépendance à l’égard des Etats-Unis.

La réaction de Bayrou à cette annonce était donc mal fondée. Il se laissait intoxiquer, faute d’autre source, par paresse, par précipitation, ou par manque de soutien dans son entourage. Il se fiait tout bêtement à Sarkozy, qui s’est approprié l’initiative, et lui a donné du style. Car bien sûr, la décision a été mise en scène. Le chef de l’état-major particulier de Sarkozy l’a présentée comme “une petite révolution géopolitique”… etc.

Il y a pour 2 milliards d’euros d’armement en discussion avec les Emirats. Sous l’aspect des ventes de matériel militaire, la concurrence avec les Etats-Unis est directe. Peut-on voir “dans cette initiative la volonté d’intégrer la France dans les concepts géo-stratégiques américains” ?

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