Arrière-train en Mouvement
(en réponse à JCF88, qui se plaint des pleurs de ceux qui partent)
A propos des pleurs, des souvenirs me reviennent.
Juste après Seignosse, en septembre, donc, Ginisty se plaignait de la même chose que vous. Sous le titre “Seignosse : râleurs académie” .
“Au lieu de râler et de vous plaindre, commencez par bouger, prendre les choses en main et avancer. Une aventure politique, professionnelle, intime ne se construit pas d’attentisme candide et de passivité. Vous voulez changer les choses, contribuer à créer un nouvelle formation politique qui ne ressemble pas aux autres ? Alors bougez vous l’arrière train et mettez vous en marche. Donnez l’exemple et n’attendez pas qu’on vous donne le feu vert. Il n’y a pas de feu vert dans la notion d’initiative personnelle.”
Il y a des commentaires de moi :
“Il y a une crise interne à l’UDF, avec comme enjeu principal les investitures pour les municipales. Et sa solution - mal inspirée - provoque une crise plus large, avec comme enjeu la démocratie interne du mouvement. La première était visible à Seignosse. La seconde le sera au plus tard au prochain Congrès. Probablement avant. Si je me trompe, tant mieux.”
Un mois plus tard, Ginisty, sous le titre “Modem : les confusions démocratiques”, fait le discours inverse :
“Hier soir, Marielle de Sarnez, Vice- présidente s’est faite chahuter car elle n’avait pas soumis sa position de tête de liste à Paris au vote des 6.000 adhérents recensés dans la capitale. 30 ans de combat politique pour construire ce parti, 30 ans de proximité avec les idées de François Bayrou, l’oeuvre de toute une vie et voilà que des primo adhérents, éveillés à la chose publique depuis moins de 6 mois lui disputent sans honte sa légitimité.
J’ai très mal vécu ces prises d’armes hier qui témoignent à mon sens d’un manque total de respect et j’ai préféré partir.”
Pour lui, il n’y avait pas de contradiction. Marielle de Sarnez s’était bougé l’arrière train, elle. Elle n’avait pas attendu un feu vert. Elle s’était proclamée tête de liste à Paris. Ginisty a d’ailleurs fait la même chose, avant la décision de la Commission des Investitures.
Dans le régime anarcho-féodal entretenu par Bayrou, le politique et le civique connaissent des sorts très différents. Très inégaux. Les uns n’ont qu’à se donner la peine d’hériter de ce qu’ils étaient. Les autres, sans de bonnes règles, et qui s’appliquent en toute rigueur, ne sont rien. Ne peuvent rien.
Dans un commentaire qui suit le second article de Ginisty, je raconte comment, début juillet, au siège, nous avons obtenu des responsables de la Fédération de Paris un engagement ferme à communiquer à chaque section sa liste de nouveaux adhérents. Il n’a jamais été tenu. Si ma section avait eu cette liste fin juillet, elle n’aurait pas perdu plus de deux cents adhérents en 10 mois (sur 300 nouveaux).
Le but n’était pas de les perdre. Il était de les maintenir dispersés et inorganisés. A court terme, pour régler les investitures aux municipales. A plus long terme, pour les encadrer en douceur dans la structure de l’UDF.
A Seignosse, on ne voyait comme vous que des “pleurs”, et on incitait comme vous les gens à agir. Un mois plus tard, on ne voyait plus que des gens trop pressés, qui ne respectaient rien. Avec le même agacement. Avec le même mépris. L’humeur et la roublardise, dans les deux cas, a tenu lieu d’intelligence et d’imagination.
Comme vous le savez, c’est Ginisty que Bayrou a choisi, finalement, pour nous organiser.