Critique et crise

(Extraits de mes réponses à JCF88, sur la démocratie)

L’inconvénient majeur de votre maximalisme - la critique du système comme tel - c’est qu’il ne préserve pas ce minimum, qui consiste à se garder contre l’usurpation du pouvoir et contre la dictature. Car ce n’est pas la démocratie en elle-même qui nous en préserve, l’histoire nous offre assez d’exemples du contraire. Il y a donc autre chose, à quoi il faut veiller par dessus tout : l’espace public de nos libertés, l’irréductible instance de l’opinion, l’exercice libre de l’argumentation et du jugement politique. Il ne s’agit pas de faire progresser la démocratie, il s’agit de la préserver.L’avantage de mon minimalisme et de mon formalisme, qui n’a rien d’exaltant, c’est que je ne perds pas le Nord.

Vous mettez la démocratie tellement haut que vous n’éprouvez plus le besoin de la soutenir. Elle échappe à la pesanteur terrestre. Comme elle n’existe que sous des formes imparfaites, qui vous défavorisent, vous n’hésitez pas à mettre en cause ses fondations historiques, dont elle procède, et qui la conservent. La critique est plus vieille que la démocratie., qui s’est fondée et structurée en elle.

Il faut donc se méfier de ceux qui ne s’en accommodent pas, comme Force-Hyères. Si Bayrou et ses fidèles se mettent dans le mauvais cas de nous contraindre à choisir entre eux et la démocratie, ou même entre eux et la république, il y aura lieu de se souvenir que leur nécessité historique restera toujours très inférieures à l’usage de nos libertés et à la sanction du suffrage universel.

[…]

Sur la crise de la démocratie, je suis bien d’accord avec vous. Le problème, c’est que la réunion de jeudi dernier, après d’autres, en est une manifestation caractéristique, et que Bayrou y montre tous les symptômes du politicien menacé par elle. Il en perçoit les menaces. Il en méconnaît les issues.

Il se servira de cette crise comme d’un tremplin, comme d’autres. Mais tout démontre qu’il ne la comprend pas, et qu’il n’a ni l’intention, ni les capacités de lui apporter des solutions pratiques.

C’est le modèle réduit de cette crise que nous avons incorporé il y a un an, avec l’afflux des adhésions. Il n’y avait à cette crise qu’une issue qui fût satisfaisante à la fois pour organisation et pour la stratégie. La formalisation de processus participatifs réguliers, les uns destinés au soutien de l’exécutif, les autres à son contrôle.

Nous avons rencontré la même résistance à cela, au sujet des statuts comme au sujet des règlements intérieurs. Nous n’avons pas su résoudre la crise de la démocratie en petit, au dedans. Comment feront nous pour la résoudre en grand, au dehors ?

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