En réponse à une contestation

(Sur e-soutien, en réponse à buildfreedom, qui, en réaction au chiffre de 3,22% des voix aux municipales, me brade ironiquement le score du Mouvement Démocrate à 1%)

Mon cher buildfreedom, dites que 3,22%, c’est un excellent résultat, car il montre que si nous avions présenté des listes indépendantes partout, nous aurions eu trois fois plus.

Dites que les 18% comportaient notoirement des abstentionnistes ayant basculé par exception, et qu’en dépit des efforts méthodiques que nous avons déployés pour les convertir en électeurs réguliers, ils n’ont plus jamais votés depuis, ce qui affectent nos résultats bien plus que ceux des autres partis, en cas d’abstension massive.

Dites que ces 3,22% n’ont rien de catastrophiques, et qu’ils ne font que traduire notre ordre des priorités : nous nous sommes économisés, en ne couvrant que les 20% les plus favorables du corps électoral, pour obtenir le meilleur taux de remboursement possible des frais de campagne. Si bien que le budget de la campagne présidentielle de 2012 atteindra le plafond autorisé. C’est une bonne nouvelle.

Vous voyez, il n’y a pas lieu de s’enfermer dans la dénégation des chiffres officiels. Il n’y a pas lieu de renoncer à la commune mesure du score des partis, et à son sens ordinaire.

Les partis se partagent les suffrages de l’électeur en des proportions significatives de leur puissance et de leur efficacité. Se croire au delà de cette concurrence, c’est risquer se retrouver en deça. L’instabilité de la base électorale du MoDem est directement liée à ses choix de communication. La spéculation sur les valeurs connaît des hauts et des bas. La répugnance à traduire le projet en programme finit peut-être par lasser, ou bien même par éveiller la méfiance. Il est grand temps de s’y mettre, quitte à rompre le consensus muet entre “révolutionnaires” et réformateurs, entre libéraux et “résistants”, entre centristes et “démocrates”.

Toutes ces considérations, mon cher buildfreedom, qui montrent la difficulté stratégique de notre entreprise, impliquent d’avoir choisi la responsabilité contre la conviction.

Vous travaillez à vous convaincre que chaque épreuve électorale constitue un fait d’une singularité telle qu’il exclu toute possibilité de comparaison avec les précédentes ; à vous persuader que le moDem, en tout cas, est d’une singularité telle que ses résultats ne peuvent s’exprimer qu’en une monnaie spéciale, non convertible, qu’il serait scandaleux de traiter comme de la fausse monnaie, puisqu’elle a cours quelque part dans un petit pays, celui qui rend un culte officiel au naufrage de la raison, au délabrement du sens critique, et à la détérioration de la probité intellectuelle. C’est un choix.

Vous cautérisez vos ulcères sur la jambe de bois de vos convictions. C’est un choix. Vous négociez avec votre intelligence un crédit à taux zéro. C’est un choix. Vous me marchandez un prix dont nous ne sommes pas maîtres. C’est un choix. Vous prolongez au delà de toute vraisemblance les illusions qui nous ont mené où nous sommes. C’est un choix.

Ce choix, c’est celui de la conviction contre celui de la responsabilité, disais-je. Je ne doute pas que vous le fassiez de bonne foi. A part peut-être l’idée saugrenue de m’accuser de supercherie, comme si j’inventais quelque chose du genre de vos 15,9%. Oui, sauf ce détail, vous faites ce choix de bonne foi. Avec bonne conscience, tout comptes faits (si l’on peut dire).

On ne déploie pas tant d’efforts sans une impérieuse nécessité intérieure. Au fond, c’est aussi le choix du pathétique contre celui du dramatique. Et de l’être contre le devenir. Du “bon” score contre des indices fiables, marquant une pente très nette vers le bas. Vous êtes comme ces personnages de dessin animés, qui ont dépassé le bord de la falaise, dans leur élan, et qui continuent à courir, tant qu’ils ne regardent pas vers le bas.

Je vous laisse mimer la suite de la fable, en gesticulant des bras et des jambes, cherchant en vain les prises que vous avez tant dédaignées, et j’attends - sans impatience, croyez-le bien - le moment où vous aurez repris contact avec le sol terrestre.

Amicalement,

Manuel de Survie

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