A cloche-pieds
(en réponse à Thucydide, sur e-soutien)
Vous décrivez la situation avec beaucoup de justesse. Mes dispositions étaient peut-être même plus conciliantes que celles que vous indiquez par la formule :
“Ils” ne savent pas faire autre chose, NOUS voulons faire autre chose.
J’aurais proposé :
Qu’ils fassent ce qu’ils savent faire, mais qu’ils sachent qu’il y a beaucoup d’autres choses à faire, qu’ils ne savent pas faire, et qu’ils nous laissent les faire. Ce que nous voulons passe à la fois par leur savoir-faire et par le nôtre. Notre avantage stratégique consiste en la bonne articulation de nos deux genres d’aptitudes.
Il me semble pourtant que vous concluez un peu vite votre histoire si bien racontée, Thucydide.
1. Tout ce que nous avons appris, et tout ce qui nous resterait à apprendre, que je ne sous-estime pas, nous ne pouvons l’apprendre qu’à nos dépends. Il y a quelque chose de paradoxal dans le conseil que vous donnez d’en redemander.
2. Ils se montrent très efficaces dans la prise de contrôle du Mouvement, qui ne rencontre pas de résistance. Ils n’ont pas montrés la même efficacité avec d’autres, qui pratiquaient les mêmes jeux qu’eux. Aussi bien à l’intérieur de l’UDF, qui a perdu tous ses députés, et pas mal d’élus, qu’à l’extérieur, dans le ralliement au Mouvement de ceux qui nous sont les plus proches.
3. Pourquoi avons-nous tant régressé, depuis les présidentielles. Tout simplement parce que ces gens n’ont pas su ( ni même voulu ) s’approprier, traduire, convertir, exploiter le discours de Bayrou à leur usage, ils n’ont pas su le transposer en un discours efficace sur le terrain. Aux législatives, ils n’ont su que le répéter (avec plus ou moins de talent). Aux municipales, ils ne feront que l’oublier.
4. Cette traduction, nous, nous savons la faire. Cela vient de notre culture et de notre savoir faire, de nos métiers. Compte tenu de la situation, si nous la faisions, nous la ferions pour eux. Faut-il faire pour eux ce que nous voulions faire pour notre Mouvement ? Ce serait un mauvais calcul.
5. Il y a une différence entre 7% et 18% de voix. Si elle les intéresse, il va falloir nous l’acheter. Comme vous le savez, nous réclamons un paiement en une monnaie qui s’appelle la démocratie interne. Sans elle, le pouvoir sera toujours partagé à leur manière. Il y en a pour ceux d’entre nous qui se montrent de bon élèves à leur jeu. Il n’y en a pas pour ceux qui jouent un autre jeu. Or, l’avantage stratégique de notre organisation réside dans la dualité de notre jeu.
Le Mouvement Démocrate, tant qu’ils le conduiront tous seuls, ira à cloche-pieds, il n’élargira pas son électorat, et il ne ralliera personne.