Congrès

Je vous rends compte ici du sort de l’amendement aux statuts enregistré sous le n°43, soutenu par des adhérents de Loire Atlantique, de Gironde, de l’Hérault, du Tarn, du Gard, de Savoie, du Rhône, de Belgique, de l’Eure et de Paris. Il concernait le statut, au sens propre, des moyens participatifs dans notre organisation. Aussi bien ceux, parmi les processus participatifs, qui engagent l’adhérent au titre de la citoyenneté, que ceux qui l’engagent au titre de ses compétences, de son savoir-faire, et de son expérience. L’amendement figure ici.

Je remercie ceux qui, parmi les congressistes, ont ajouté leur soutien aux premiers signataires, et en particulier le Conseiller de Paris qui m’a aidé à concentrer la présentation et à en améliorer la tactique. C’est une grande chance de pouvoir apprendre ces choses fort utiles de ceux qui les savent, et en de telles conditions. Quoi qu’il advienne, ça ne sera pas perdu.

“Concentrer”, disais-je. On pouvait craindre, en effet, que 30 secondes n’y suffiraient pas. François Bayrou, chronométreur en chef, n’avait pas laissé plus que ça à certains rapporteurs, jusque-là. Je l’ai dit voici quelque semaines, à l’approche du congrès, sans me douter à quel point cela allait se vérifier : on nous a joué le calendrier dans un sens, on va maintenant nous jouer la montre dans l’autre sens. En bien des circonstances, tout le pouvoir tient à la maîtrise du temps. Le temps de tous s’étire ou se rétrécit, à sa guise. Pour rapporter, discuter, et voter chaque amendement, la moyenne était hier de 3 minutes.

De fait, Bayrou a été d’une grande bienveillance à l’égard de cet amendement. Il ne m’a interrompu que pour me signaler que je parlais depuis 4 minutes et 30 secondes. Je déplore ce que ça a pu coûté à d’autres rapporteurs, et notamment aux rapporteurs qui ont échoués à faire intégrer une pleine notion de contrôle de l’exécutif dans nos statuts. Une partie de la Commission, dont Corinne Lepage, était également attentive, pour autant que je puisse en juger. Après tout, dans le CAP de CAP21, il y a “Citoyenneté, Action, Participation”.

François Bayrou a approuvé chaleureusement l’intention du texte, il a affirmé qu’il était convaincu de l’importance de cette question : “vous le verrez d’ailleurs, tout-à-l’heure, dans mon discours”. Cela dit, il n’a pas jugé bon d’en parler dans nos statuts, pas jugé bon d’en faire une règle de fonctionnement de notre organisation. Techniquement, cela voulait dire que notre amendement était jugé non “recevable”, et qu’il ne pouvait pas être soumis au vote des congressistes.

Ce qui était d’ailleurs plus prudent. Certes, les congressistes votaient comme un seul homme, en suivant toujours largement l’avis positif ou négatif que Bayrou ne manquait jamais de leur donner, avec parfois beaucoup de vigueur, juste avant de mettre la chose au vote. Mais un large consensus existait probablement, chez ces mêmes congressistes, sur la nécessité, par exemple,d’utiliser les ressources humaines de notre Mouvement. Cela constituait un aspect crucial de l’amendement. Il n’échappait pas à certains, venus me le dire. Ce sentiment, encore plus large hors congrès, traduit l’une des leçons les mieux comprises de ce qui s’est passé ces six derniers mois, en particulier depuis Seignosse. Si l’amendement avait été mis aux voix, même désapprouvé, il aurait peut-être fallu compter les pour et les contre, pour une fois, qui auraient vraisemblablement été en quantités proches ( en quatre heures d’examen, ce n’est jamais arrivé).

Ce qu’une organisation apprend à ses dépends, il est difficile de le lui faire oublier si vite. François Bayrou, instinctivement, a pris le chemin de l’approbation et même de la surenchère. Il a donc conclu de sa manière habituelle en disant : “faites des propositions”. Ce à quoi j’ai répondu calmement : “la proposition est faite”. Et comme il semblait déconcerté par la réponse, j’ai ajouté : “il n’y en aura pas d’autre”.

Je crois que tout ceux qui, avant nous, ont voulu faire comprendre les nécessités auxquelles notre amendement apportait une réponse en règle (c’est le cas de le dire) comprendront ma réaction. J’avais conscience de proposer les services de tous les adhérents, prêts à s’engager sous des formes d’engagements inédites, généreuses de leur temps et de leur énergie. Et j’avais un peu l’impression qu’on me répondait comme si je cherchais du travail. Or du travail, j’en ai. Et ceux de ce Réseau, tel qu’il est conçu, en ont aussi, pour la plupart. Aucun n’en demande. Le bénévolat était explicite dans le texte soumis.

Il est d’usage, lorsqu’on fait un cadeau, d’enlever le prix. J’aurais peut-être dû préciser à François Bayrou, en dépit de cet usage, que la somme de travail à fournir par le Réseau de Conseil et de Soutien, telle qu’elle était offerte au travers de cet amendement, pouvait s’évaluer aux environs de 2 millions d’euros par an. J’ai parfois vendu des choses qui valaient autant ou plus, mais jamais à ce prix-là. En dépit de ce qu’on imagine, la gratuité peut devenir un lourd handicap. Certains acheteurs, ayant du mal à évaluer les choses selon leurs propres critères, ne se guident qu’au prix. Si bien que pour eux, ce qui ne coûte rien ne vaut rien.

Le compte-rendu de mon échec ne serait pas complet si je ne tentais pas de comprendre ce qui reste de mystérieux dans l’attitude de François Bayrou, ayant à conduire un Mouvement à travers d’évidentes difficultés internes et externes, qu’il mesure assez bien, et si peu soucieux de disposer des seuls moyens qui lui permettraient de les vaincre. L’hypothèse qui me semble la plus probable, c’est qu’il croit disposer d’un moyen qui suffira en toute circonstance. Lequel ? Le discours ? Peut-être. Il se trouve que ses derniers mots, dans le beau discours qui concluait la journée de samedi, étaient consacrés, comme il me l’avait promis, à la question posée par l’amendement. On peut craindre que la question ne trouve en ce discours une bien belle forme d’achèvement.

A moins que la question ne trouve cet achèvement que dans les applaudissements qui ont suivi. Après tout, c’est aussi une forme de participation.

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