Démocratie dite “participative”
La démocratie directe, c’est la délibération et le vote des décisions, au sein d’une assemblée de citoyens. Mais aussi, des responsabilités particulières tirées au sort, éventuellement. Ou un tour de rôle exhaustif. Les Athéniens combinaient les trois, en y ajoutant l’élection. Celle des stratèges, par exemple.
Donc, la démocratie directe, ça existe. La démocratie participative, en revanche, ce n’est pas à proprement parler de la démocratie.
Il n’y a que le vote, qui soit démocratique, dans ces formes participatives. Parce que la décision est soumise au peuple. Un référendum, par exemple. Mais si la décision, comme en 1852, consiste dans le rétablissement de l’Empire, est-ce que le plébiscite est une forme de la démocratie participative ?
Tout le reste du participatif n’est rattaché à la décision que de l’extérieur. Elle correspond exactement à la notion d’organe consultatif. Or démocratie consultative, cela sonne mal. Il y a contradiction dans les termes.
Beaucoup de monarchies ont fait du peuple un organe consultatif. Cela ne faisait pas d’elles des démocraties. A la rigueur, cela faisait d’un roi un “bon roi”.
Il y a un usage démocratique de la consultation du peuple. Il implique l’existence de représentants du peuple. Une assemblée pleinière de citoyens est convoquée, avec un ordre du jour. Les citoyens et leur représentant discutent, proposent, critiquent, signalent, expliquent, etc.
Mais pour juger du caractère démocratique de cet usage, il ne suffit pas de voir comment se passe la réunion. Il faut voir aussi ce qui en résulte dans les décisions du représentant. Il n’aura entendu que ce qu’il voulait bien entendre, bien souvent. Mais il sera parfois dissuadé de poursuivre un projet , à cause de l’opposition très vive qu’il a suscitée.
C’est plus qu’une consultation, tant qu’il y a une trame de démocratie représentative qui soutien la participation. Autrement dit tant que le mandat du représentant est en jeu. Si le représentant est immédiatement révocable par l’assemblée, par exemple, cela devient une sorte de négociation.
On voit à quel point la force de la participation ne dépend pas d’elle-même, mais des conditions démocratiques dans lesquelles elle se pratique. C’est pourquoi, dans notre mouvement, les modalités participatives ne peuvent être premières. Elles n’auront de force et de sens qu’en second, quand la trame représentative sera formée.
Au mieux, les formes participatives sont des modalités d’exercice de la représentation démocratique. Mais là où il n’y a pas de représentation démocratique, elles ne sont que des formes de doléances, de suppliques ou de sondage. Cela ne veut pas dire qu’elles sont dépouvues d’efficacité. Mais cette efficacité leur vient des particularités de la situation, pas de leur forme, et encore moins de leur principe.
Pour que démocratie directe et démocratie représentative soit compatibles, il faut simplement qu’elles aient chacune leur domaine de compétence. Les statuts du mouvement serviront justement à définir ces domaines de compétence.