Kouchner

Je lis gaspard92 (21 mai 2007 08:42) : “Cette majorité s’est ouverte, y compris à l’UDF (mais trop à mon goût ,car j’apprécie peu Kouchner et ses prises de positions pro-américaines, pro-Turquie, pro-guerre en Irak, etc…)”. Je ne reviens pas sur la notion d’ouverture, j’en ai parlé le 18, vers 14 h sous le titre “Sarkozy fait-il du Bayrou ?”.

Parlons plutôt de Kouchner et de ses positions du début 2003 sur l’Irak.

Notons qu’il faisait l’unanimité contre lui : depuis l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche. Or, la guerre a bien eu lieu, il me semble, en dépit de tout ce pacifisme. L’idée de Kouchner, c’était que la position française n’était pas la bonne. S’il s’agissait vraiment d’éviter la guerre, il fallait s’y prendre autrement. Se donner comme objectif la fin du régime dictatorial de Sadam Hussein. En exploitant tous les moyens, dont la menace de guerre. La France, l’Allemagne et la Russie ont fait le choix inverse. Splendide et voué à l’échec. Elles ont donné au dictateur l’illusion qu’il pouvait s’en sortir. Elles ont incité ses adversaires armés (les Kurdes) et à ses opposants éventuels (les Chiites) à attendre. En demandant la fin de l’embargo, et donc le libre usage par Sadam Hussein des revenus du pétrole, elles ont même poussé les Etats-Unis à accélérer l’intervention. Kouchner, contre la droite et la gauche, anticipait lucidement ce qui est arrivé : le pacifisme unanime, cimenté d’anti-américanisme, conduisait tout droit à la guerre.

Mieux valait pourtant menacer, avec une chance même mince d’éviter la guerre, que se donner bonne conscience, et la provoquer à coup sûr. Le plus triste est de penser qu’en se donnant le beau rôle, “la France” savait très bien qu’elle rendait la guerre inévitable, et s’en réjouissait peut-être même secrètement.

A partir de là, que Sarkozy ait pu hésiter entre Védrines et Kouchner est inquiétant. Leurs conceptions sont opposées. On ne peut pas leur faire faire la même politique étrangère. Le premier est consensuel et dogmatique, le second est non-conformiste et réaliste. Au point qu’il renonce à défendre l’idée d’un referendum sur le nouveau traité constitutionnel européen. Dans la mesure où nous ne renonçons pas nous-même à cette exigence, il faut bien reconnaître que son ralliement ne nous rapproche pas de lui.

La question se posera donc dossier par dossier, à commencer peut-être par celui du nucléaire iranien. Car là aussi, il y a mieux à faire à se donner le beau rôle.

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