Ouverture

Ce qu’écrivait christina hier (17 mai 2007 19:58) me paraît important. Je crois moi aussi urgent - et crucial pour la suite - de définir clairement et de diffuser largement la position du Mouvement Démocrate à l’égard de la composition d’un gouvernement dit d’ouverture.

De toute façon, les médias, c’est une certitude, mettront d’emblée les choses sur ce terrain. Les journalistes aborderont systématiquement les représentants du Mouvement Démocrate sous cet angle. Autant d’occasions qui pourront être exploitées, à condition d’avoir fait l’effort de s’ajuster à la situation.

Il y a une manoeuvre, une surprise, et un effet de surprise, dont l’exploitation a commencé. Un retard ou une erreur d’ajustement amplifieraient cet effet.

En deux phrases :

1°) On ne traite pas un Sarkozy qui fait du Bayrou comme on traite un Sarkozy qui fait du Le Pen.

2°) On ne traite pas non plus un Sarkozy qui fait du Bayrou comme si c’était un Bayrou. C’est un rôle de composition (gouvernementale).

Le fait de recruter un gouvernement sans sectarisme, quitte à décevoir les plus fidèles, paraît sain, légitime et pragmatique. Si mineurs que soient ces ralliements, ils ont une puissance symbolique. Celle d’un démenti. Etant premiers, comme acte de pouvoir, ils montrent un Sarkozy ouvert, à l’opposé du Sarkozy qui faisait du Le Pen.

Je crois que nicolas7086 (18 mai 2007 13:27) sous-estime un peu l’efficacité de la manoeuvre. Ses arguments sont justes. Mais à mon avis, il se persuade trop vite de leur évidence pour tout le monde. Un certain travail reste à faire.

La bulle médiatique de l’ouverture est un moment spéculatif intense. Les journalistes, sachant que la popularité de Kouchner est grande, jugent que c’est “un gros coup” de la part de Sarkozy. Tout cela peut troubler une bonne part des électeurs de Bayrou. C’est le but. Il y a donc un certain nombre de point à mettre en relief :

- le choix des personnes affectées à l’exécution d’un programme gouvernemental ne change rien à ce programme ;

- ces quelques ralliements individuels ne manifestent aucune proximité de vision, d’idées et de principes d’action ; ni aucune pluralité, sinon de style ;

- ils trahissent plutôt un accord sur le peu d’importance de la vision, des idées et des principes d’action dans l’exercice de la fonction ministérielle ;

- ce qui tend à réduire cette fonction à une affaire de technique et de style, les convictions se concentrant au niveau de la fonction suprême ;

- cela n’exclue pas la possibilité qu’il se fasse de bonnes choses dans ce gouvernement, mais cela l’expose aussi à se tromper avec un bel élan, comme un seul homme ;

- cela concerne les ministères plus particulièrement rattachés à l’exercice du pouvoir présidentiel (Affaires Etrangères, Défense), ce qui manifeste de manière transparente cette tendance à la concentration du pouvoir ;

Tout cela fait un nano-ersatz inversé de Bayrou, pas du Bayrou. L’ouverture corrige l’image du Sakozy qui fait Le Pen, tant mieux. Mais elle montre un Sarkozy qui fait du Sarkozy, laissant transparaître son pragmatisme, mais aussi sa conception de l’exercice du pouvoir. C’est à cela qu’il faut s’ajuster.

On ne peut pas “intégrer” à l’exécutif un contre-pouvoir. Le lieu principal que les institutions assignent au contre-pouvoir, c’est l’assemblée nationale. Or, il risque précisément d’y être trop faible.

1°) La conception de la démocratie, entre l’un et l’autre, est aussi différente qu’avant. Elle commence même à se faire sentir. Se déclarer proche, en position de candidat, des vues et des orientations proposées par Borloo ou par Strauss Khan, c’est tout autre chose que de négocier, en position de pouvoir, leur ralliement à un programme auquel ils sont étrangers. Comment confondre la recherche des alliances, à partir de proximités reconnaissables, et celle de ralliements, d’autant plus spectaculaires qu’ils relèvent du grand écart ?

2°) Le programme de l’UMP et celui du Mouvement Démocrate sont aussi différents qu’avant. Il y a lieu de rafraîchir les mémoires sur des dossiers où cette différence est particulièrement sensible, pour ne pas dire irréductible : referendum constitutionnel, dette, etc. Autant de points sur lesquels, à la mesure des forces qu’il aura acquises, le Mouvement Démocrate devra empêcher le gouvernement de “se tromper absolument”.

La campagne du Mouvement Démocrate doit avoir ses axes propres, et ne saurait consister principalement en une riposte à l’égard des élans d’ouverture de Sarkozy. Il faut cependant construire en cette matière une position solide, cohérente, nuancée, bien concertée entre ceux qui mèneront la campagne. Il y a peu de temps pour y réfléchir et en discuter.

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