Processus

L’adhérent du MoDem n’a pas été consulté sur le processus qui déterminera la forme d’organisation de son mouvement.

Ce processus, dont il est vaguement informé, il ne peut en outre y contribuer qu’individuellement. Il n’existe pas de moyens de prise de contact entre les adhérents d’une même commune, d’une même ville ou d’un même arrondissement. Leurs seuls points de ralliement locaux sont donc les sections UDF.

A Paris, une section UDF de 30 membres s’augmente donc d’une demi douzaine de nouveaux adhérents, parce qu’ils ont pris contact avec elle. Mais elle ignore les 300 autres (au moins) qui, dans le même arrondissement, viennent d’adhérer.

Ceux-ci peuvent envoyer des contributions, se rendre à Seignosse, et même, s’ils en connaissent les voies, participer à la préparation du congré constitutif du mouvement. Mais pas collectivement. Pas en travaillant et en se mettant d’accord ensemble, au niveau local. Bref, pas comme une section de l’UDF peut le faire, elle, par ailleurs.

Il en résulte une situation de proportionnelle inversée. Les adhérents du MoDem rejoindront un mouvement que l’UDF et d’autres ont non seulement fondé, mais qu’ils auront aussi pris le temps d’organiser tout seuls.

Alors même, notons-le, qu’ils n’ont plus toutes leurs têtes. A moins d’avoir une base large, solide et active, c’est un sérieux handicap, comme l’a montré le résultat des législatives.

C’est donc dans des formes choisies par d’autres que les nouveaux adhérents commenceront à exister collectivement, à pouvoir se connaître, s’entendre, faire nombre, et peser de leur poids réel. Dans une balance conçue par d’autres.

Nous pourrons alors constater que beaucoup de nouveaux adhérents n’ont pas de sensibilité particulière en matière de démocratie. C’est à la personne de FB qu’ils se rattachent avant tout. Pour d’autres, cependant, l’adoption de principes de démocratie interne est une nécessité. J’aurais tendance à y voir des degrés de maturité politique, mais peu importe ici.

Les uns et les autres ont en commun de demander à l’UDF une fusion pure et simple avec le MoDem. Les premiers seront probablement plus nombreux que les seconds. Et les seconds seront probablement mieux organisés que les premiers.

Grosse erreur, à mon avis, d’avoir sous-estimé l’existence de ce second groupe. L’UDF aurait dû s’y trouver des interlocuteurs légitimes et négocier le processus avec eux, en faisant appel à l’ensemble des adhérents en cas de besoin. Les raisons qui ont fait écarter cette option sont mauvaises. Elles font naître des conflits.

La question de la démocratie interne finira par se poser. D’une manière sans doute assez vive. Et elle se posera trop tard pour se régler dans de bonnes conditions. Beaucoup de dirigeants de l’UDF, qui pouvaient conserver leur légitimité à condition de prendre quelques risques, la perdront. Si cela se passe à l’occasion des investitures pour les municipales, nous nous exposons à un nouvel échec électoral.

L’UDF ne peut tout simplement pas fournir une équipe de direction opérationnelle au MoDem. A vrai dire, le MoDem non plus. Mais le MoDem peut mobiliser une intelligence collective, une énergie, une inspiration, des expertises, des capacités organisationnelles, des technologies. Et l’UDF peut fournir une bonne partie des candidats aux municipales, au-delà de son poids dans le mouvement.

Tout ceci suppose un nouveau rapport entre le professionnel de la politique et le militant (lequel a par ailleurs un métier, faut-il le préciser ?).

Sans une démocratie interne, et sans la contribution organisée, élaborée, intensive de tous ceux qui le peuvent, l’organisation du MoDem sera inférieure à celle de ses concurrents, sous tous les aspects. Et le mouvement mettra longtemps avant de les égaler en puissance et en efficacité.

Il n’y a donc pas grand-chose à perdre à tenter de fonctionner autrement. Même si cela commence par une crise interne. J’ai l’impression, d’ailleurs, qu’elle est en train de devenir inévitable, de toute façon.

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