Les emmêlements de pinceaux de la période rose

Dans le cours d’un dialogue sur e-soutien avec Thierry Sorin, à propos d’un débat entre Régis Debray et Jacques Julliard publié dans Le Monde du 1er juin, intitulé : “L’opinion, maladie infantile ou sénile de la démocratie ?”.

Cela me rappelle que je m’étais promis de faire une petite expérience, pour différencier concrètement :

- le jugement d’opinion, irresponsable, parce qu’impuissant, et jouissant de cette impuissance, l’exploitant à outrance ;

- le jugement délibératif, qui est dialectique, en ce qu’il comporte l’anticipation de ses effets dans la réalité, et dont la justesse n’est pas à rechercher en lui-même.

- les arguments que le pouvoir donne à l’opinion pour la persuader de la justesse d’une décision.

Je l’ai faite, à propos d’une déclaration de Bayrou. En montrant qu’il s’est contenté de prendre en négatif les faux arguments de Sarkozy. Au lieu de se mettre dans la perspective du pouvoir. Seule façon d’être responsable à la mode républicaine.

Cela différencie, en situation d’opposition, la critique et la dénonciation. Il y a, à partir de cela, la possibilité de construire une doctrine délibérative du centrisme. Fondée sur la notion de dialectique. Car, pour reprendre les mots d’Aristote, l’opinion est liée à la “technè” (Debray et Julliard semblent à peu près d’accord là-dessus) comme le pouvoir est lié à la “praxis”, qui a une logique propre, articulant l’objectif et le subjectif : la dialectique. Cela recouvre aussi la distinction de Max Weber en l’éthique de la conviction (qui n’est une opinion intensément vécue) et l’éthique de la responsabilité.

Il n’est pas radicalement nouveau que l’opinion ait un rôle consultatif, avec toutes les ambivalences qui s’engendrent à partir de là. Même la stratification sociale des sondages était déjà là dans la consultation séparées des trois ordres des États Généraux. D’où l’importance de la question de ce “res” de république et de responsabilité, qui est au singulier, un et indivisible. La caractéristique la plus exploitée du sondage, c’est l’opinion par catégorie sociale, par âge, et par tout paradigme qui offre des prises à un traitement particulier de l’ordre de la persuasion, de la négociation, etc.

Dans la polémique de Debray et Julliard, je me situerais plus près de Debray que de Julliard, comme Chouan, mais je partage certains objections et quelques rappels de Julliard.

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