Conditions d’un processus participatif de fondation

( sur AgoraVox, en réponse à Frédéric LN, à la suite d’un article intitulé : “Inventer ensemble des statuts ? De l’ambition participative à la réalité d’un parti”, seconde intervention )

S’il fallait comparer, j’aurais plutôt pris mon inspiration dans le souvenir de la Constituante, qui a opéré la transition entre deux régimes. Ou bien du côté de ce que font les Italiens en ce moment-même pour constituer leur Parti Démocratique.

Deux légitimités possibles, dites-vous. Pour dire ensuite que l’une des deux, la représentative, n’est plus tellement possible, puisqu’on a choisi l’autre, la participative.

Choisi ? C’est beaucoup dire. Nous étions déjà un certain nombre, il y a six mois, à demander avec insistance que cette alternative soit clairement posée, qu’elle fasse l’objet d’une discussion ouverte, de manière à peser le pour et le contre de chaque option d’une manière transparente, afin de présenter un choix final bien défini et argumenté solidement. C’est la seule forme de légitimation de toute instance provisoire, et de tout choix qu’elle fait au nom de tous.

On se serait rendu compte que l’option représentative avait besoin de temps, c’est vrai, pour que la représentation ait un sens: quand on ne se connaît pas, il est vain de s’entre-désigner. Vous avez raison. Elle avait donc également besoin d’une organisation locale. Mais il suffisait de cela pour lui assurer une légitimité définitive.

L’option participative, pour être légitime, avait besoin d’autre chose. De quoi ? Vous le savez bien. De tout ce qui lui manque aujourd’hui, et qui fait fortement douter de son issue.

Première condition: avoir été choisie de manière responsable, en s’expliquant sur le choix, et en s’engageant sur le respect des formes de participation choisies, ainsi que sur l’objet final de la sanction des adhérents.

Deuxième condition: avoir des formes définies. Une règle du jeu connue de tous et suivie par tous.

Troisième condition: être assumée sur le plan organisationnel. Par un dispositif efficace. Et une délimitation claire de la fonction des experts associés au processus.

Bref, l’option participative ne jouit d’aucune légitimité de principe. Sa légitimité lui vient de ses règles, de leur clarté, de leur observance, de leur contrôle.

Six mois de processus participatif nous prouve tout cela de mille manières. Ses acquis ne sont pas à sa gloire. Le résultat est totalement dépourvu de légitimité. L’alternative entre fusion et confédération provisoire, qui est au centre de toutes les discussions, pourrait même bien ne pas figurer dans les options proposées.

L’option représentative, par contraste, ne demande que du temps et des lieux. Et une certaine confiance. Il faudra bien y venir, tôt ou tard.

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