La responsabilité de l’échec

Extrait d’une intervention de JCF88, sur e-soutien, suivi de ma réponse :

Je crois que nous portons tous en nous la responsabilité de l’ échec, les « anciens » et les « nouveaux » n’ont pas fait les efforts nécessaires pour se comprendre, ils ne se sont pas écoutés donc pas entendus; « les anciens » parce qu’ils ont vu arriver « les nouveaux » avec une certaine appréhension, et « les nouveaux » parce qu’ils considèreraient qu’il fallait repartir à zéro en oubliant ce qui existait déjà ; voilà posées les bases de la discorde, et des tensions, peut être qu’une meilleure gouvernance aurait permis d’ éviter des tiraillements qui sont plus liés à des questions de forme qu’à de vrais débats de fond.

Je partage votre avis sur la responsabilité de l’échec. Et même sur l’idée qu’elle est de l’ordre d’une défaillance mutuelle de la compréhension. Encore que je prenne cette notion de compréhension dans un sens peut-être différent de ce que vous entendez par là. Car la “compréhension mutuelle”, sous la forme d’un consensus unanimiste, cimenté par des valeurs ambivalentes, incarné par Bayrou, elle fait plutôt partie des obstacles dressés contre l’effort de compréhension qu’il fallait faire.

Oui, il n’y avait pas seulement une profonde méfiance, qui s’entretenait mutuellement, mais aussi une obsession unitaire, une tendance à désamorcer notre diversité, comme si on pouvait se contenter de la réduire à une question de provenance. Bref, une tendance fusionnelle, qui était autant que la méfiance a priori un obstacle à la compréhension de l’autre comme autre, avec une autre culture, un autre jeu, d’autres intérêts.

La condition, pour se maintenir ensemble, était au contraire de mesurer l’énorme travail que cela exigeait des uns et des autres. Ce qui donnait un sens à ce travail, et qui faisait que ça valait largement le coup, c’est qu’il préfigurait celui du pays, qu’il anticipait sur l’effort d’ouverture et de recomposition qu’impliquait la mise en oeuvre des changements que nous voulions accomplir.

Au regard de cette condition, avoir joué un camp contre l’autre, de Seignosse aux élections internes, ce n’est pas seulement de la vaine roublardise, c’est une très lourde responsabilité.

Pour ma part, je n’ai pas hésité à me rendre constamment suspect des deux côtés pour défendre l’idée que tout le projet du MoDem passait par cette compréhension. Encore faut-il remarquer que la situation de départ n’était pas égale. Les nouveaux adhérents étaient soigneusement maintenus dans la dispersion et dans l’anarchie, tandis que l’autre camp était organisé et représenté. D’où l’enjeu de la démocratie interne. Mais la démocratie ne faisait pas l’affaire de l’UDF, particulièrement sensible à sa situation minoritaire. La seule solution, à laquelle nous revenons finalement, mais trop tard, c’était de ne pas fusionner tout de suite, de comprendre que négocier une fusion, c’était se préparer, à l’échelle interne, à la question cruciale que nous devions rencontrer au dehors, dans la conquête du pouvoir. La fusion immédiate était incompatible avec la compréhension, qui était pourtant la condition nécessaire de toute la suite, désormais plus que compromise.

D’accord avec vous, donc, pour le début. Et même pour la fin, à ceci près : les questions de forme, comme la représentation des nouveaux adhérents, étaient premières. Et le consensus a priori sur le fond était une illusion, qui faisait, et qui fait encore obstacle à une entente négociée, qui aurait pris du temps (cette négociation a pris un an, préalable à la fondation du Partito Democratico, fondation qui s’est ouverte par l’élection d’une constituante de 3000 délégués, toujours au travail).

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