A propos d’exemplarité

(en réponse à Buildfreedom sur e-soutiens)

Encore une fois, mon cher buildfreedom, vous avez vu juste. Il y a quelque chose de malveillant à raconter ce qui se passe ailleurs. La candidature de Bayrou était une synthèse consensuelle de toutes les candidatures possibles. Il est l’âme du moDem. Il sublime en lui toute notre diversité. Il en fera de même pour le pays tout entier.

Je crois qu’il ne reste plus qu’un petit malentendu entre nous. Vous me lisez mal. Je ne parle pas tellement de démocratie. Ce que je critique, avant tout, c’est l’inefficacité de nos responsables, dans l’organisation comme dans la stratégie. Leurs défaillances. Leurs erreurs. Leurs hésitations. Leur lenteur. Leur irresponsabilité.

Il se trouve que l’entretien de cette inefficacité implique un niveau très faible de démocratie interne. Mais il existe des organisations qui produisent de la responsabilité sans jamais recourir à des règles de démocratie : les entreprises, les formations militaires, les organismes rattachés à l’Etat. En conséquence, l’efficacité de la conduite de notre mouvement pourrait se puiser à d’autres sources, telles qu’il en existe dans ces cultures organisationnelles particulières. Dès lors, la question de la démocratie interne se poserait autrement. Elle ne serait plus le meilleur intrument de l’efficacité. Elle pourrait se poser au titre des principes.

Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là. La démocratie interne, dans notre situation, n’est pas une question séparable de celle de l’organisation et de celle de la stratégie. L’enjeu n’est pas seulement le partage des responsabilités. C’est aussi, selon les conditions du partage, celui de la puissance politique du Mouvement. Et c’est enfin, là aussi en fonction de ce que le partage rend possible, celui de l’exercice de cette puissance.

Les Liberaux Démocrates ont obtenus 22% des voix aux dernières élections à la Chambre des Communes, en 2005. Et 10% des sièges. Ils sont restés indépendants. La démocratie est d’abord l’articulation interne qui les maintient ensemble et leur permet de gagner des voix du côté des Conservateurs comme du côté des Travaillistes.

Cette élection serrée à la tête de leur parti est d’abord le signe que ce parti ne marche pas à cloche-pieds. En dépit du bi-partisme forcené des institutions, et de l’absence de toute proportionnalité électorale, il parvient à concilier l’indépendance avec une présence politique forte.

Pour reprendre votre mot, ce score serré est le signe d’un amalgame réussi. Au sens alchimique, ou au sens militaire de ce mot, à votre goût. La fusion de l’UDF et du Mouvement Démocrate, en revanche, me paraît être un échec, du point de vue organisationnel et stratégique.

Il se trouve qu’avant de me rendre à Londres, j’ai eu l’occasion de développer la question de notre dualité culturelle avec Evelyne Buissière, si cela vous intéresse. C’est sur :

http://wikijournal.demosweb.eu/spip.php?article154

Vous avez donc un peu simplifié ma position, mon cher builfreedom. Il s’agit d’établir un équilibre.

Amicalement,

No Responses to “A propos d’exemplarité”

  1. Manuel de Survie Says:

    Voilà qui était assez lucide sur la situation, mais très loin de mesurer correctement les capacités de réaction des adhérents. Depuis, on sait qu’elles étaient quasiment nulles. Qu’elles se limitaient, pour être plus précis, à un recours individuel à Bayrou.

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