Du participatif à l’abstention

1. La très faible participation des adhérents à l’élection de leurs représentants n’est pas seulement l’effet des conditions particulières et des modalités de l’élection. Elle résulte aussi des rapports infimes qui ont été entretenus avec les nouveaux adhérents durant 8 mois, et des rapports presque inexistants qu’ils ont entre eux, sauf lorsqu’ils en ont pris l’initiative.

Une part de la non-participation vient de ce que rien n’a été fait pour que les liens envers Bayrou s’élargissent en des liens avec le Mouvement. Il y a donc un genre d’adhésion qui reste imperméable à l’organisation. Ces adhérents sont d’ailleurs probablement des abstentionistes endurcis que Bayrou seul a pu faire participer à une élection. C’est encore plus vrai de l’électorat du Mouvement Démocrate. Aux législatives, une grande part de ces abstentionistes n’étaient déjà plus là.

Une part de non-participation se rapporte à l’érosion de l’enthousiasme envers le MoDem, lorsque les positions qu’il a prises localement aux législatives et celles qu’il prend pour les municipales ne correspondent pas aux attachements et aux sensibilités des adhérents.

Enfin, il existe peut-être une quantité significative de non-participation ayant le sens d’une protestation ou d’un refus. Focalisés sur les conditions de l’élection ou plus large. C’est difficile à évaluer.

Les anciens de l’UDF sont beaucoup moins affectés par la non-participation que les nouveaux adhérents. On peut reconnaître en cela leur plus grande maturité, dont c’est le reflet, pour une part. Mais c’est aussi l’effet d’une dispersion et d’une ignorance maintenue délibérément chez les nouveaux adhérents, en particulier par le moyen d’une communication sélective à travers les fichiers de l’UDF.

Il n’y a rien de scandaleux dans le fait qu’à certaines élection, une forte abstention favorise un parti. Tant que ce parti n’est pas l’organisateur unique de l’élection.

2. La légitimité de nos représentants sera faible, encore que supérieure à celle de Bayrou, candidat unique élu par 6 ou 7% des inscrits. La notion de légitimité, certes, se prête à des interprétations diverses. En revanche, plus concrètement, le pouvoir de négociation de nos représentants sera faible. Ce qui est conforme aux souhaits de Bayrou qui, lors du congrès, a pris position contre les amendements qui visaient à renforcer les pouvoirs du conseil National, ceux que rapportait Franz Vasseur, en particulier.

Ceux qui veulent mettre en cause cette élection globalement ou la faire invalider localement auront un combat particulièrement difficile à mener. Cela relève de la dissidence.

3. Notre processus de fondation aura donc été un parcours initiatique assez intéressant depuis le participatif sauvage, creux et illusoire, jusqu’à la non-participation, entretenue, reconnue et acceptée.

Beaucoup de nouveaux adhérents ont longtemps eu un sentiment de sécurité trompeur en pensant qu’ils étaient majoritaires, et que, dès qu’il y aurait des élections, un certain équilibre interne s’établirait. Il n’est pas certain aujourd’hui qu’ils soient toujours majoritaires. Et qu’ils le soient ou non, notre organisation est conçue de telle manière que l’adhérent traditionnel, groupé dans la clientèle d’un élu, y est mieux représenté que l’adhérent au titre d’une autre citoyenneté, détachée des mandats publics.

Nous n’avons pas été capables d’articuler ces deux cultures. Mais seulement de reproduire le rapport hiérarchique qu’elles ont déjà dans notre société. Tel est, à mon sens, l’échec principal de notre processus de fondation. Nous sommes un parti comme un autre. Beaucoup plus petit que deux autres. Et qui vient de se priver du seul avantage stratégique qui lui aurait permi de rivaliser avec eux.

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