Lapsus marketing

Je cite le JDD : Quelles sont vos priorités pour Paris?

Ma priorité, ce sont les classes moyennes. Aujourd’hui, quand vous êtes classe moyenne, il vous est pratiquement impossible de vivre à Paris. C’est trop cher. Je veux donc relire l’ensemble des politiques dans le sens des classes moyennes.

Je n’insiste pas sur la syntaxe faussement intimiste, avec ses relachements de bon aloi. Syntaxe ameublée en concret factice trop cher style classe moyenne tout équipée. A côté, le moindre de nos tracts de quartier irradie de fraicheur et de simplicité. Passons. Quoique qu’il faille se souvenir que le style, “c’est la femme”. Comme disait Madame Buffon.

Marielle de Sarnez confond son marketing avec sa communication. Il y a des choses qui ne se disent pas. Si elle croit bon de favoriser la “classe moyenne” plutôt que l’intérêt général, ce qui est discutable, il est absolument nécessaire de “coder” cette politique de classe dans ses discours de campagne. Il est recommandé, lorsque la marketing se focalise, de noyer sa cible dans les revendications d’humanisme. Consultons notre charte des valeurs. N’oublions pas l’humanisme. Trempons notre prose dans sa sauce onctueuse. Une pincée de solidarité masque le goût d’un ciblage trop élaboré. Elle est faite pour ça.

Je résume, bien sûr, faute de pouvoir développer en quoi la classe moyenne, si l’on veut bien s’occuper de lui rendre la vie plus agréable, nous le rendra au centuple, en consommant plus et mieux, pour le salut de l’humanité. Je ne suis pas tout-à-fait inculte, après six mois de beuverie avec des UDF.

Mais au moins, comme objectif marketing, est-ce efficace ? Cela peut faire gagner des voix, en effet. Mais seulement dans trois ou quatre arrondissements, les plus homogènes : le 12ème, le 14ème, le 15ème et à la rigueur le 5ème. Partout ailleurs, que le revenu moyen y soit plus élevé ou moins élevé que dans ceux-là, la composition sociale est nettement plus hétérogène, et les écarts de revenus nettement plus forts.

Oui, c’est vrai, la politique des socialistes, à Paris, a objectivement favorisé les classes moyennes. Mais si l’on veut faire comme eux, il faut savoir parler d’autre chose, comme ils savent le faire. Au stade industriel de la politique, la divison du travail est achevée. La communication, chez eux, ne fait plus de lapsus marketing.

Nous avions les moyens de faire de la politique autrement. Pas ceux de la faire comme les autres. J’ai proposé ces moyens, dits participatifs, devant le congrès. Bayrou n’a pas vu l’urgence de les mettre en place. Aujourd’hui, sur le terrain, nous traînons Marielle de Sarnez comme un boulet. La dégringolade les législatives n’a pas servi de leçon.

Faut-il contribuer au sauvetage ? C’est ce que je fais. Mais quand je lis de telles choses, je me pose la question.

Manuel de Survie

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