Elève Bayrou, zéro en opposition, zéro en communication

 (sur e-soutiens)

Bayrou parle de notation. D’où la dénonciation facile de l’infantilisme de cette mesure. C’est une grossière erreur de communication. Il tombe dans le piège. Il sera très facile, pour Sarkozy, de montrer qu’une évaluation sur des critères explicites, connus de tous, reflets objectifs du degré d’atteinte d’un but, définis a priori, c’est très exactement le contraire d’une notation à la manière du professeur, procédant de sa seule autorité, et se réglant dans son jugement sur l’idée qu’il se fait de ce qui doit être, en considérant parfois que cette idée est en elle-même au dessus des capacités de compréhension de ceux dont il juge le travail.

Pour attaquer, il fallait attendre d’en savoir plus sur les critères de ces évaluations. Bonnes dans le principe, il y a de fortes chances pour qu’elles le soient moins dans le choix des critères. Il sera probablement facile de montrer que si un ministre prenait ces critères à la lettre (de mission), il se produirait tel ou tel effet indésirable, pour ne pas dire pervers. Ne pas avoir anticipé que le gisement de la critique juste et efficace serait dans les critères d’évaluation, et non dans son principe, c’est une grosse erreur.

On passerait pourtant ainsi, en quelque sorte, d’une opposition “notative” à une opposition “évaluative”. Il serait plus facile de distinguer entre la dénonciation socialiste, parlant de puérilité, et celle du démocrate, parlant d’infantilisme. Ce serait une manière de s’opposer (”je n’aime pas ce mot”, disait Bayrou il y a quelques mois) qui serait exploitable sur un temps plus long, au lieu de se résorber médiatiquement en un adjectif. Au lieu de coïncider confortablement avec qu’on attend d’une opposition de grossiste, qui ne vend rien au détail. D’une opposition qui renonce à évaluer le pouvoir dans la perspective du pouvoir.

Car au fond, nous devrions nous aussi avoir nos critères, de façon à mesurer de la manière la plus objective possible ce que les ministres font de leurs ressources, et ce qui en résulte comme défaillance, comme dégradation, ou comme régression. Certes, cela donnerait une idée de ce que nous voulons. Or, tout l’avantage de ce style d’opposition si radical, c’est de ne jamais nous obliger à dire ce que nous voulons. C’est de nous permettre de nous enfermer dans le langage de l’opinion, de l’impuissance, des victimes. Bayrou dénonce. Il dénonce au rythme de deux ou trois choses par semaine. Il va falloir qu’il apprenne à critiquer.



	
					
				
	
			

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