Départ

Sur AgoraVox, dans Pourquoi je quitte le MoDem…”, le 24 décembre, Zigomard raconte. Il a voulu mettre ses compétences au service le Mouvement. Ses tentatives ont été vaines. Des commentaires intéressants de Voltaire. J’en ai fait un moi aussi :

L’expérience de Zigomard est celle de beaucoup d’autres. Comme lui, ils ont fini par se lasser. Et ils le disent. Ils ont raison. D’un seul coup, le 2 décembre, le jeu a cessé d’être intéressant, pour beaucoup d’entre nous. Nous sommes tous des Zigomard.

A peu près structuré comme l’UDF, et à peu près contrôlé par l’UDF, le Mouvement Démocrate se maintient dans la continuité de l’UDF. La culture de l’élu y domine de très haut celle de la citoyenneté aussi bien que celle du métier. La “fusion”, en elle-même, n’articule pas ces cultures. Elle les hiérarchise. C’est ce que Voltaire justifie, à sa manière, donnant l’avantage à l’expérience du jeu politique classique.

Pourtant, dans la situation particulière du Mouvement Démocrate, dépourvu d’état-major, faiblement lié aux réseaux de la haute administration et des grandes entreprises, sans grandes connexions avec les milieux de la recherche et de l’enseignement supérieur, et en tout cas de très loin inférieur à ses deux concurrents en ces matières, l’organisation des ressources humaines du Mouvement Démocrate en un dispositif permanent de soutien à l’exécutif et aux élus était une priorité stratégique.

Pour ma part, en 7 mois, je n’ai contacté personne pour proposer mes services. Trop de malentendus entourent ce genre de démarche. Mais j’ai fini par proposer le dispositif collectif complet de ces services, lors du congrès.

Je l’ai proposé au congrès, donc, avec devant moi un Bayrou qui semblait tout à la fois sensible et réticent à mes arguments. Je présentais un amendement relatif au Conseil Stratégique. Il visait à injecter un peu d’intelligence collective dans notre organisation. En vain.

Voltaire est lui aussi sensible à cette question. On le voit bien. Mais il est réticent, comme Bayrou. Il sous-estime lui aussi grandement l’enjeu de ce double engagement, à la fois au titre de la citoyenneté et à celui du métier. Ou plutôt, tout en reconnaissant l’utilité de ces formes participatives intensives, il persiste à les décrypter comme des jeux de pouvoir individuels, strictement déterminés par les positions de chacun: le nouvel entrant, marginal, est tenté par des solutions neuves, un peu suspectes, peut-être subversives, qui rompent avec la logique d’acquisition du pouvoir telle qu’elle est en oeuvre dans les partis classiques. Voltaire la décrit bien, au passage, cette logique. Je le situerais d’ailleurs dans une certaine proximité avec le centre du jeu.

Voltaire est assez lucide. Mais ce qu’il semble ne pas voir, c’est que, de toute façon, un parti structuré comme il l’est n’aura aucune chance de rivaliser avec ses deux concurrents, qui resteront plus puissants que lui, par leurs moyens et leurs ressources. Il ne voit pas que, sans ces formes et ces modalités innovantes de participation à la conduite du mouvement, les avantages de la position centrale ne peuvent pas être exploités correctement. Ce serait trop long à expliquer ici. Mais qu’il regarde ce que font les Libéraux Démocrates britanniques (22% des voix en 2005, 63 sièges à la Chambre des Communes) ou qu’il regarde comment se constitue le Partito Democratico italien, qui est au pouvoir avant même d’exister.

Bayrou n’a pas voulu soumettre l’amendement dont j’étais le rapporteur au vote du congrès. Il en avait approuvé les idées. Il ne pouvait bien sûr pas avouer qu’il voulait rester maître de les appliquer à sa manière. Le congrès risquait par conséquent de voter pour, malencontreusement.

Il m’a finalement invité à transformer mon amendement en une proposition. Il me demandait donc tout simplement de changer une proposition soumettant le pouvoir à des règles en une proposition soumettant des règles au pouvoir. Le jeu politique classique reprenait le dessus.

J’ai répondu que la proposition était faite. Et comme il a paru déconcerté par cette réponse, j’ai ajouté “je n’en ferai pas d’autre”.

Les Zigomard ont compris. Ils ne jouent plus. Il est un peu dommage qu’ils partent si vite, et en ordre dispersé, sans avoir tenté de se rassembler et de se faire entendre. C’est pourtant ce que nous aurions dû faire depuis longtemps. Et c’est peut-être ce qu’il encore temps d’essayer.

Un autre article, quelques jours plus tard, sur AgoraVox, s’intitule “Pourquoi je reste”. Sans grand intérêt.

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