Dialogue

30/10/2007

Mais grisou, c’est une organisation en pleine décomposition que vous nous décrivez là ! Dans laquelle personne, en six mois, n’a pris conscience, par exemple, des conséquences catastrophiques de l’absence d’un dispositif de communication interne. Dans laquelle personne n’a senti l’urgence d’avoir une organisation opérationnelle dès septembre. Dans laquelle on a réussi le tour de force de mettre en congé pendant six mois des dizaines de milliers de gens déterminés à agir.

Il y avait une organisation à construire de toute urgence, avant les échéances électorales.

Comme nous ne sommes pas entre nous, je m’en tiendrai aux euphémismes qui s’imposent : voilà des gens dont le sens de l’initiative, l’aptitude à l’improvisation, la capacité d’anticipation, bref, dont les qualités d’organisateurs et le sens politique sont nuls.

Et ils ne se sont pas contentés de ne rien faire, vous le savez bien. Il ont en outre très maladroitement tenté d’empêcher que quelque chose se fasse sans eux.

La moindre des choses est de montrer que nous jugeons sévèrement leur inaction et leur silence.

Je ne parle pas des militants de l’UDF, ni des élus, dont le désarroi et l’anxiété sont compréhensibles, et qui souvent réagissent efficacement. Je parle des principaux responsables de ce parti, de ceux qui y détiennent le pouvoir exécutif.

S’ils comprennent bien ce qui est en train de se passer, ils y réfléchiront à deux fois avant de se dissoudre. Il serait bien préférable pour tout le monde que pour un temps au moins, l’UDF reste l’UDF, le temps de préparer une fusion dans des formes appropriées.

S’ils ne le comprennent pas, ils finiront tout simplement par provoquer ce qu’ils redoutaient tant, depuis le début : un basculement du MoDem à gauche.

Un fin tout-à-fait ridicule, dont le risque grandit tous les jours. Ne faisons pas semblant de ne pas voir que nous sommes en situation de crise, comme si cela allait la faire disparaître.

________________

30/10/2007

Grisou, mon analyse de la situation est très proche de la vôtre. Il est stupéfiant (pour faire un peu de surenchère) que vous puissiez croire que j’ignore en quoi consiste notre avantage stratégique ou sur quoi se fonde le potentiel de notre mouvement.

1°) Nous différons en ceci : je crois qu’il faut s’efforcer de maintenir parmi nous ceux que vous désignez comme des “conservateurs” et ceux que vous désignez comme des “socialistes”, appellations sommaires qui ont l’inconvénient de minimiser les quantités qu’ils représentent et l’utilité qu’ils auront dans notre développement.

Il faut se réjouir d’avoir parmi nous des gens qui gardent cette proximité avec certains courants qui existent chez nos concurrents, et l’on s’en réjouit facilement dès que l’on cesse d’être sur la défensive et que l’on conçoit des manières d’exploiter ces proximités au profit de notre mouvement.

2°) Nous différons aussi, peut-être, au sujet de la stratégie et très certainement au sujet de l’organisation. Notre conquête sur la droite se fera par le moyen principal d’un jeu politique classique, appuyé sur des élus bien implantés. Mais notre conquête sur la gauche se fera en subvertissant ce même jeu, avec comme argument principal la démocratie. Qu’il s’agisse de rivaliser selon les règles classiques ou de jouer un jeu nouveau, nous sommes loin derrière nos deux principaux concurrents en terme de puissance, de capacité d’initiative, de capacité de mobilisation. Si nous voulons rivaliser, il nous faut un mouvement structuré tout autrement qu’ils ne le sont. En particulier, il faut articuler deux formes de pouvoir, l’une concentrée, l’autre plus diffuse. Pour simplifier : nous n’avons pas d’état-major, si bien que c’est tout le mouvement qui doit s’organiser comme un état-major.

3°) Nous différons enfin sur l’usage de notre langue. En ce qui me concerne, je crois pas à l’efficacité de l’opération magique qui consiste à abolir des réalités en supprimant des mots de notre vocabulaire. Le dépassement de l’opposition entre droite et la gauche ne se fera pas par l’opération de la pensée, surtout s’il s’agit de concevoir une stratégie. Elle se fera progressivement, en pratique, à force de conquête, et notre vocabulaire reflètera ce progrès, sans besoin de le contraindre. Ne prenons pas nos désirs pour des réalités. Cela nous dissimule tout le travail à accomplir et toutes les difficultés qui nous attendent.

Finalement, à partir d’une analyse très semblable, nous divergeons sur le point de savoir ce qui est au principe de notre unité, d’une part, et sur les moyens de la réaliser, d’autre part.

J’espère que vous deviendrez à la fois plus prudent et plus audacieux au moment voulu.

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.