Foi

La foi en Bayrou augmente chez les uns à mesure que son crédit baisse chez les autres. Au lieu des critiques lucides et de la confiance mesurée en lesquelles il aurait trouvé la meilleure inspiration de ses choix au sujet de notre mouvement, il trouve ces dispositions à l’état séparé et sous leur forme extrême : la Foi d’un côté, la méfiance de l’autre.

Cela risque d’engager Bayrou dans la voie limpide du populisme fusionnel. Cette tentation est peut-être à l’origine de son échec au premier tour des présidentielles, déjà. Bayrou, s’il suffisait de la foi, n’aurait pas eu besoin du Mouvement Démocrate pour rassembler. Il fallait de toute évidence quelque chose de plus que son nom, même comme garant de la promesse démocratique dont il avait fait l’axe majeur de sa communication. Il fallait que la démocratie prenne corps, qu’elle s’incarne et qu’elle s’illustre dans un mouvement. Dans une organisation.

Aucun homme, bien sûr, ne peut incarner la démocratie, si ce n’est transitoirement, et à condition de la servir. L’articulation de Bayrou et de la démocratie reste à trouver. C’était dans le discours qu’elle se faisait jusqu’ici, sous la forme d’une Promesse (je mets la majuscule pour meubler un peu la Foi). Il faut maintenant projeter cette promesse dans la forme du mouvement. Il faut que notre organisation articule Bayrou et la démocratie.

Tout le potentiel stratégique du MoDem se joue dans cette Conversion (qu’est-ce qu’on s’amuse, avec les majuscules, merci de l’Idée, c’est un peu comme les effets spéciaux au cinema).

A lieu de quoi, constamment, depuis six mois, Bayrou nous oblige à choisir entre la confiance en lui et la démocratie : quelle monstrueuse maladresse ! Quelle hérésie !

Je note que cette lucidité me vaut une invitation à aller voir ailleurs : “Si vous n’avez plus confiance, allez donc créer votre Parti Idéal , fantasmé qui n’existera jamais,…”. Cela répond sans doute à ce que je disais hier soir : “Cela ne m’empêche pas de […] me réjouir de l’avoir parmi nous, et d’être persuadé que nous finirons par nous entendre”.

La Tentation est forte, en effet, de se transformer en secte, et d’attendre le prochain Jugement Dernier, celui de 2012. Heureusement, il reste des gens comme moi, en assez grand nombre, pour veiller à ce que le mouvement ne perde pas ses ailes, et soit capable de conquêtes.

Nous avons offert à Bayrou l’occasion de se distinguer de tout autre homme politique en lui procurant des moyens inédits d’accès au pouvoir. Encore faut-il qu’il sache s’en servir. Ce qui implique aussi qu’il sache les servir.

Vous ne l’aidez pas beaucoup à comprendre en inversant les choses (” … jamais il ne nous a été offert une opportunité aussi grande d’avoir le “Parti” qui nous convient”). Mais nous finirons par nous entendre, je le maintiens.

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