Artisanat

Au moment même où Bayrou tentait désespérément d’acréditer une version ingénue, spontanée, viscéral, authentique, intimiste, de sa scène avec Cohn Bendit, une militante du MoDem se vantait d’avoir procuré à Bayrou un extrait du livre en cause, dès la fin du mois de mai. Selon la rédaction d’Europe 1 :

Marie-Anne, militante du Mouvement démocrate en Île-de-France âgée de 49 ans, a transmis, fin mai, un mail à François Bayrou. Elle y indiquait les références du livre de Daniel Cohn-Bendit paru en 1975, Le Grand Bazar, dont François Bayrou s’est servi pour attaquer la tête de liste d’Europe Ecologie lors de l’émission “A vous de juger” sur France 2 le 4 juin. Contactée par Europe 1, Marie-Anne se défend, et affirme qu’elle n’a pas cherché à porter un coup bas à Daniel Cohn-Bendit.

(Source : “Celle par qui le clash Bayrou-Cohn-Bendit est arrivé“, Europe 1)

Après cela, on n’est pas surpris du curieux balancement qui affecte le corps de Bayrou, lorsqu’il s’explique devant les cameras : il ne sait plus sur quel pieds danser.

Sur reversus.fr, à midi, j’en étais encore réduit à des arguments du même genre :

“Ceux qui doutent de la préméditation des attaques de Bayrou n’ont semble-t-il pas observé la scène avec toute l’attention requise. Dès les premières secondes, le regard de Bayrou se baisse vers ses papiers puis fait face, puis se baisse à nouveau. Certes, on se doute bien qu’il n’a pas en main le texte de ses accusations. Ce semblant de lecture appartient de toute évidence à la mise en scène de la posture accusatrice. Par là, Bayrou cherche à faire entendre que sa dénonciation repose sur des preuves écrites, qu’il a justement en main. Autant dire que la préméditation n’en n’est plus à se trahir. Elle s’exhibe.

Il faut mieux entendre, aussi. Plus tard, lorsque Bayrou dira combien il a été choqué par ce livre, épuisé depuis longtemps, paru il y a 35 ans, il précisera qu’il l’a lu récemment. C’est bien maladroit. Vu sous ce jour, préméditation n’est peut-être pas le mot juste. Rumination conviendrait mieux.”

J’en reviens à la revendication anonyme de Marie-Anne. Je ne connais pour ma part qu’une Marie-Anne de 49 ans qui habite en région parisienne et qui soit militante du MoDem, c’est Marie-Anne Kraft. Elle figure en 7ème position sur la liste conduite par Marielle de Sarnez.

Mais ça ne colle pas du tout. Elle est connue pour sa discrétion, sa subtilité, son intelligence, sa bonne foi sans faille et son sens de la mesure. Rien à voir, donc, avec l’humaniste fanatique qui n’a pas hésité à sacrifier l’avenir de son parti pour que Bayrou puisse exhiber son amour de l’enfance. Rien à voir avec l’hystérique de la dénonciation si déboussolée qu’elle en vient à témoigner publiquement contre elle-même. Rien à voir avec la passion qui cherche dans une surenchère sordide le moyen de sa séduction. Rien à voir avec le sado-masochisme à l’oeuvre dans ce coup tellement tordu qu’il pointe vers celui qui le donne.

C’est donc une autre Marie-Anne, parmi toutes celles du MoDem de Saint Maur (Val de Marne). D’ailleurs, après tout ce que j’ai dit contre la dénonciation, je suis trop malin pour me mettre à krafter.

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