Techniques de modération sur e-soutien

Rectificatif : les “modérateurs” d’e-soutien ne me censurent pas, ils m’appliquent un traitement compliqué, trop difficile à expliquer, et qui, malheureusement, prend beaucoup plus de temps que celui qu’ils appliquent à mes interlocuteurs.

Vendredi soir, mes deux messages envoyés dimanche et lundi sur e-soutien ont fait une courte apparition à leur place. Je ne reçois pas les notifications par e-mail, mais je situe ça vers 20 h 13 pour l’un d’eux au moins (si quelqu’un les a reçus en e-mail, pourrait-il me dire à quel moment précis ces deux messages sont apparus ?).
L’un datait du dimanche 6 juillet, l’autre du lendemain. Quatre ou cinq jours de décryptage, donc, avant de se rendre compte qu’il n’y avait rien à modérer. Je les ai supprimés peu après leur apparition. Pas question d’accepter un tel traitement de faveur. Ensuite, buildfreedom, toujours serviable, en les encapsulant sous son nom, est parvenu à les faire publier presque instantanément. Cela commence ainsi :

Cher Manuel, pourquoi avez-vous donc effacé votre commentaire ? Pour ne pas faire mentir votre blog perso ?

Je restaure votre réponse à Tulipe, réponse que vous affirmez curieusement censurée par la modération e-soutiens, ceci en première page de votre blog, lui même modéré a priori d’ailleurs, cocasse ironie du sort …

En même temps qu’il met en relief du mieux qu’il peut la valeur de démenti que revêt l’apparition de mon message, buildfreedom, par mégarde, fait la démonstration de ce prodigieux écart entre la promptitude du traitement appliqué par les responsables de la “modération” à son message, et l’extrême lenteur qu’ils ont mis à publier le mien. J’ai pu le lire quelques heures après sa rédaction.

Si tout cela lui échappe, c’est sans doute parce qu’il ne comprend pas que si la “modération” change d’avis au bout d’une semaine, elle peut aussi changer d’avis au bout d’un mois, ou d’un an. De sorte qu’on ne peut jamais dire avec certitude qu’un message a été censuré. Trop facile.

Il ne comprend sans doute pas non plus que ce retard spécial, non accompagné d’excuses ou de justification, injecte une énorme dose d’incertitude sur les critères de la modération. Une censure sans raison avouable s’expose à la réprobation, et même au boycott. Le pouvoir d’agir sur l’attente - celle des auteurs, et celle de ceux à qui l’on répond - est bien plus souple. On fait ce qu’on veut, sans être tenu de justifier ses choix. Leur interprétation sera toujours réfutable. Mieux encore : la durée du retard devient un discret message de la modération, adressé à l’auteur. Le seul langage qu’elle daigne parler. “Quelque chose ne me plaît pas là-dedans, je vais prendre le temps de vous le faire savoir” : une semaine. Avec une légère touche de dissuasion diffuse pour la suite.

Incertitude des règles, attente discrétionnaire. Bien davantage que la censure, acte d’une autorité qui prend ses responsabilités, ce jeu avec le temps manifeste une orientation inquiétante. Détachée du contexte, elle s’apparente à certaines pratiques bureaucratiques très ordinaires. La modération a priori, n’ayant pas les moyens de son principe, prend d’ailleurs un caractère punition collective dont tout le monde saisi les effets puérilisants. Les uns avec volupté, les autres avec consternation.

Mais lorsque l’on connaît de plus près le régime temporel très particulier du mouvement Démocrate, son alternance typique de dilatoire et d’expéditif, tout cela prend une autre dimension. Et si l’on examine cette curieuse relation entre modérateur et modéré dans la perspective sectaire, cet usage de l’incertitude et de l’attente peuvent aussi se comprendre autrement. Je ne vois rien dans tout cela qui me fasse mentir, bien au contraire.

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