Protection de l’enfance

(Commentaire, sur AgoraVox, d’un article un peu confus sur le Mouvement Démocrate)

Il y a des politiciens dont le cynisme est connu. Leur partisans voient cela comme une qualité : un sens pragmatique, quelque chose qui ressemble à du réalisme et de l’efficacité. Cela se conçoit. Sans reconnaître le cynisme comme un talent, personne ne va jusqu’à faire de la naïveté une qualité.

Il y a par ailleurs des politiciens qui tentent de jouer la carte de la vertu, de la conviction, des valeurs. Tant qu’ils s’en tiennent à ce jeu, du moins publiquement, leurs chances de satisfaire leur ambition restent intactes. Mais ils doivent veiller sans cesse à garder la posture, sans jamais laisser percer les signes par lesquels le cynisme ordinaire du politicien se laisse voir.

Cela implique, à l’occasion, de laisser à l’humour la lourde charge de défendre l’orgueil blessé. Mais ceux qui voient la difficulté de l’exercice comme une pure affaire de contrôle de soi ou de sang froid se trompent. C’est avant tout une question d’organisation. De préparation. De préméditation. C’est parce que tout sens critique a déserté l’organisation et l’entourage de Bayrou qu’il en est venu à préméditer soigneusement l’erreur fatale de sa contre-attaque sans rencontrer les objections tactiques qu’elle méritait.

La droite s’est attaqué à Bayrou sur le thème : « il est le plus cynique d’entre nous ». Cohn Bendit a choisi au contraire de s’attaquer à des traits de naïveté, en tournant en dérision l’attachement de Bayrou au catholicisme.

Il ne servait à rien de démentir les propos de l’un, si c’était pour confirmer ceux des autres. Bayrou devra désormais se résigner à ne trouver de soutien que parmi ceux qui connaissent son cynisme, l’un des plus dévorant que l’on puisse rencontrer, ainsi que parmi ceux qui ne veulent pas le voir, de moins en moins nombreux.

Les ressorts du tremplin présidentiel sont cassés. Tant mieux. L’exercice du pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, doit être mieux inspiré, ou mieux entouré. Il ne doit en aucun cas être confié à quelqu’un d’aussi malchanceux, d’aussi maladroit, d’aussi seul.

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