Comptes

Vous trouverez ici quelques remarques sur les résultats de la consultation des adhérents, sur le comportement des parlementaires du mouvement, et sur la tournure des sondages de ces derniers mois. Tout cela allant dans le même sens.

La consultation

Tout ce qui permettrait de faire une évaluation précise des résultats de la consultation directe des adhérents sur la ligne de conduite du Mouvement Démocrate est soigneusement occulté dans l’annonce qui en est faite.

Ce qui est établi par ailleurs avec certitude, c’est qu’un peu plus de 57 000 cartes d’adhérent ont été distribuées depuis la naissance du mouvement. Les 15 500 réponses favorables à la motion insipide de Bayrou en représentent 27%. Ce qui est conforme à ce que Bayrou annonce lui-même : “25% à 30%”. On se demande quelles fluctuations quotidiennes du cours de l’adhésion l’obligent à s’en tenir à une telle approximation.

J’ai estimé, le 20 juin dernier, que la participation se situerait vers 20 000. En surestimant ce soutien direct de la base, j’ai surestimé d’autant le renouvellement des adhésions. Il n’y pas 37 000 adhérents à jour de leur cotisation au Mouvement Démocrate, mais 32 000, tout au plus. L’érosion, en 9 mois, est de 44% (c’est en octobre 2007 que les 57 000 cartes ont été atteintes). En octobre prochain, le mouvement Démocrate aura perdu à peu près la moitié de ses adhérents ( taux d’érosion moyen x 3 mois / 2 = 7,33% ; 44% + 7% = 51%).

La participation à la consultation de Bayrou a-t-elle été un choix majoritaire parmi les adhérents à jour ? Peut-être que oui, peut-être que non. 15 500, c’est à peu près la moitié de 32 000, le nombre d’adhérents actuels dans son estimation maximale.

Les élus du mouvement

Les choix les plus récents des parlementaires du mouvement répondent à la même tendance.

La réunion du Congrès en vue du vote sur la réforme constitutionnelle permet de le mesurer. Si l’on se réfère à la composition du Bureau Exécutif, les votes de Bayrou ne sont suivis que par la moitié des parlementaires qui y siègent.

Si l’on prend en compte tous les parlementaires du mouvement (ils sont 15), seuls 5 d’entre eux ont suivi Bayrou.

Et si, pour établir le parallèle avec les adhérents, on prend en compte tous les parlementaires (hors parlement européen) ayant adhéré au mouvement, Bayrou n’est suivi que par 28% d’entre eux. Bref, Bayrou, sans devenir nettement majoritaire dans son propre parti, aura cependant progressé dans cette voie. En se débarrassant de la moitié de ses adhérents. De la moitié de ses parlementaires, de même. Et en perdant sans doute beaucoup plus que la moitié de l’ensemble de ses élus.

Les sondages

Ces évolutions sont également visibles dans les sondages de popularité des hommes et des partis. Au début du mois d’avril, juste après son échec à Pau, Bayrou a pu mesurer une brusque détérioration de sa position dans les sondages. L’idée de la consultation des adhérents, annoncée le 14, vient probablement en grande partie de là.

Début mars, Bayrou n’était devancé que par Kouchner.

Un mois plus tard, il avait devant lui trois membres du gouvernement (Kouchner, Fillon, Borloo), et trois socialistes (Delanoë, Royal, Strauss-Kahn).

Belle symétrie marquant aussi bien l’échec d’une stratégie centriste indépendante que celle d’une incarnation de l’opposition, subvertissant le bipartisme à son profit. Non pas que l’une ou autre de ces stratégies soit mauvaise en elle-même. Mais les deux en même temps, exécutées de manière calamiteuses de surcroît, cela dépasse largement le seuil d’ambivalence qu’une conduite politique, même la mieux ancrée dans le vague, peut faire accepter sans dommage pour sa réputation.

Je vous laisse deviner en quoi, outre cela, ce sondage d’avril ébranlait les espérances de Bayrou. J’ai eu l’occasion d’évoquer des résultats plus récents, qui confirment ces tendances.

Il y a des tricheries heureuses, des mystifications réussies, des escrocs comblés. Sans leur accorder notre adhésion, nous sommes libres d’en admirer la virtuosité. De même, nous sommes libres de sourire des grotesques efforts de rajeunissement et de déguisement de la vieille UDF, de la roublardise maladroite et désespérée qui les a inspiré, et de toutes les préoccupations mesquines qui sont venus se substituer au sentiment de l’urgence et à la conscience des nécessités qu’engendrait la situation.

Sans oublier cependant que nous n’avons pas su empêcher cette substitution, entérinée par le congrès de décembre, alors que nous avions pourtant su la prévoir avec suffisamment d’avance et de précision.

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